11 mars 2016
Bruits de chiotte pour rumeurs de cabinet .
Le ministre a dit "bruits de chiotte" alors qu'il s'agissait de rumeurs de cabinet:
Une enseignante lui répond par une lettre ouverte:
La lettre complète était ici samedi matin mais elle a disparu en quelques heures
Elle est encore là
Ci-dessous le début de la lettre :
« Madame la ministre,
Mes élèves à moi apprennent à dire « wesh », « nique », « encule », « salope » dès le primaire.
Mes élèves à moi grandissent très souvent dans des familles où les parents ne parlent pas français, et où le summum de la réussite consiste à passer manger chez KFC.
Mes élèves à moi n’écoutent pas Boris Vian et Desproges, ignorent l’existence de Bach et Mahler.
Mes élèves à moi n’ont droit qu’à Booba, La Fouine, Orelsan et Gradur.
Mes élèves à moi doivent passer dix minutes sur chaque vers de Du Bellay pour espérer comprendre quelque chose. Parce que leur référentiel principal, c’est Nabila et Touche pas à mon poste.
Mes élèves à moi poussent dans un environnement où les filles doivent dès la 6eme s’habiller et se comporter en bonhommes, ou se voiler, si elles veulent avoir la paix.
Mes élèves à moi découvrent le porno bien avant d’avoir la chance de rencontrer Balzac.
Nos élèves, madame la ministre, comprennent que s’ils veulent s’en sortir, accéder aux postes que leurs talents et un travail acharné leur feraient mériter, ils doivent d’abord se défaire de leur codes vestimentaires et langagiers, découvrir les pronoms relatifs, atteindre le pluriel et le passé simple, se reposer sur le subjonctif.
Ils savent, croyez-moi, madame, que si je m’escrime à leur faire répéter dix fois une phrase avec la bonne syntaxe et le ton juste, c’est parce que je refuse que nos lâchetés et nos faiblesses fassent d’eux ce que la société imagine et entretient : des racailles, des jeunes privés d’avenir car privés d’exigences, de langue, de style, de beauté, de sens, enfin.
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