11 avril 2024

 

Paul et Vanessa. Chapitre X. La Diagonale des Fous .

 Dix heures plus tard et treize degrés en moins, Sylvie et Paul retrouvent leur chalet recouvert de neige.

Dans le train, Sylvie a continué à aider Paul à chasser définitivement ses vieux démons.

Et elle ne fit pas dans la demi-mesure .

 Elle lui parla d'un écrivain américain obsédé par l'idée que chaque homme est très doué pour construire sa propre prison, le mariage étant la prison la plus commune. 

 On finit toujours par tout regretter. C'est l'essence de ce qu'on appelle la condition humaine. « J'aurais pu mais je ne l'ai pas fait », « je voulais mais me le suis interdit » 

Après cette citation, Sylvie fit cette confidence bouleversante qui restera à jamais gravée dans la mémoire de Paul :

"Eh bien, moi, depuis que je te connais, Paul, pas un seul jour, je ne me suis sentie en prison."


Une semaine plus tard.

Paul n’est pas encore totalement remis du choc émotionnel provoqué par la magnifique déclaration d’amour de Sylvie lors de leur retour à Gerardmer; celle-ci persévère dans ses confessions déchirantes.

"Avant toi, j’ai connu plusieurs hommes. Certes, on les compte sur les doigts de la main, l’échantillon est donc insuffisant pour valider des statistiques, mais je suis certaine qu’aucun d’entre eux ne m’a fait jouir aussi intensément que toi.

Je suis allée hier consulter un sexologue pour lui poser une question qui me tracassait depuis que tu m’as parlé de ton accident sexuel à la Réunion.

Un pénis ayant subi une déformation minime peut-il procurer davantage de plaisir qu’un sexe d’une platitude banale ? Plus précisément, une verge coudée, une érection légèrement parabolique peut-elle favoriser la réponse physiologique qui a lieu lors de la phase d’excitation sexuelle ?"

Sa réponse fut claire:

"Oui, c’est tout à fait possible, madame."

Paul est revigoré, revivifié  par les nouvelles confidences de Sylvie.

" C'est donc pour ça, tout devient plus clair maintenant.

- Pour ça ?  Qu'est-ce qui devient plus clair ? 

- Nina, la collègue bisexuelle qui a pourri complètement deux années de ma vie à l'île Maurice ...

- Oui, quoi Nina ?

- C'est magique, c'est magique ! répétait-t-elle à chaque fois que je la pénétrais !

- Ah, tu ne me l'avais pas dit, Paul.

- Oui, parce que je n'avais pas compris ce qu'elle voulait exprimer, mais maintenant que je sais que je suis un homme augmenté, un lapin martien, je comprends mieux, je comprends tout ... 

Sylvie se garde bien d'intervenir pour ne pas prendre le moindre risque de modérer l'enthousiasme émouvant de Paul.


Après l'aveu de plaisir physique inégalé, une semaine seulement après sa bouleversante déclaration d'amour, troisième cadeau émouvant de Sylvie :

Le tome III des œuvres de Friedrich Nietzsche dans la bibliothèque de la Pléiade :

 Volume éblouissant, accompagné d’une préface, de notices, notes, chronologie, toutes précises, qui  s’ouvre par le célèbre "Ainsi parlait Zarathoustra" et s’achève par " Ecce homo"

 Et pour la troisième fois, Paul - qui ne pleure jamais, verse une larme.


Paul a repris ses activités dans son club de sport et quand il marche, il pense clairement.

« Seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose  » a écrit son philosophe préféré.

En randonnée, Il reprend souvent mentalement le schéma simplifié de la formidable analyse de son épouse la veille de leur retour à Gérardmer:

Mieux vaut le regret que le remords et le rêve par dessus tout permet de tuer le regret, l’oubli et le plaisir ouvrent la porte au bonheur.

Pour pouvoir rêver, Paul a pris de fermes résolutions.

Au sujet d’une énième enquête ouverte pour atteinte sexuelle sur mineur par personne ayant autorité, voici ce qu’il a lu hier encore dans un « quotidien » de renom :

« Il faut arrêter de banaliser l’imaginaire du désir entre un prof et son élève »

-Mais qui donc l’a jamais banalisé ? se demande Paul, horrifié par sa lecture.

Puis un extrait de mail de l’inculpé – on dit aujourd’hui mis en examen, pour éviter la syllabe qui tache.

« Tu me suçais comme une grande, comme une femme, plus du tout comme une enfant »

Dans ses pires cauchemars, Paul, que ses collègues ont pourtant souvent accusé d’être un oiseau de mauvaise augure, n’avait jamais imaginé un instant un tel abaissement du débat public.

Comment peut-on encore rêver après avoir lu de telles insanités ?

Paul a donc définitivement éteint la télé hier soir et pour être certain de ne pas céder à la tentation de la rebrancher, il a coupé les fils. Il s’est juré qu’il n’achèterait plus jamais aucun périodique de la presse.


Télé interdite, mais le cinéma - enfin ce qu'il en reste, est encore autorisé. 

 Avec un lac ourlé de sapins blancs pour décor, le plateau était magnifique  jeudi dernier pour la traditionnelle conférence de presse de présentation du Festival international du film fantastique de Gérardmer, qui aura lieu fin janvier. 

 Toujours « plus haut et plus loin », c'est la ligne de conduite que Paul s'est définitivement fixée. 

 Le film fantastique permet de rêver, de s'élever, il est donc bienvenu.

 Pour la fin de l'année, Paul s'est juré  de réaliser un projet insensé qui lui trottait dans la tête  depuis sa cessation d'activité mais qu'il avait lâchement abandonné :

 Le parcours est d'environ 165 kilomètres comprenant plus de 10 000 mètres de dénivelé positif. Le temps limite pour finir le parcours est de 66 h.

 L'une des courses les plus importantes, les plus dures et les plus légendaires au monde! Elle possède une aura historique qui n'existe nulle part ailleurs et une aura climatique et géographique qui est incomparable. On peut passer de 25°C en début de nuit à 0°C vers 3 heures du matin, pour revenir à 40°C l’après-midi.

 La Diagonale des Fous, le Grand Raid de l'île de la Réunion !


Ce jour là, Sylvie rentre tout excitée de son lycée et croit faire un trait d'humour en s'adressant à Paul:

-Tu es courant, lapin, Attal envoie Dati dans la culture !

- Ah, non Sylvie, non et non ! J'ai débranché définitivement la télé, je ne me connecte plus à internet pour me protéger de ce genre de pseudo-informations, alors, s'il te plaît, ne prends pas le relais. Je m'en fiche complètement de cette parodie de gouvernement et ta contrepèterie n'est pas très originale ! 

Parlons de choses plus sérieuses : Je me suis inscrit à La Diagonale Des Fous.

Dieu est mort, mon  pays est bâché, bâillonné, moribond, peu me chaut, car moi je rêve encore et grâce à toi, Sylvie, ma verge parabolique se redresse encore fièrement.

Naguère, je croyais être le Dernier Homme, j'étais dans l'erreur, je le sais maintenant.

En participant à soixante neuf ans à ce raid mythique, je vais prouver que je suis un Surhomme !


Comme d'habitude, Sylvie n'intervient pas afin de ne pas refroidir l'enthousiasme de son époux. Mais elle s'inquiète un peu. Dernier Homme, Surhomme, ce sont des concepts difficiles, Paul ne lit plus que Nietzsche, est-ce bien raisonnable ?

"Bien sûr, l'essentiel est qu'il ait retrouvé l'energie qu'il avait perdue depuis quelques années. Mais la Diagonale Des Fous, à son âge ?

Est-ce parce que La Réunion est menacée ce soir par un cyclone tropical intense et « historiquement grave » qu'il a eu cette idée loufoque de raid insensé ? 

Et comment le sait-il puisqu'il ne se connecte plus à internet ?"

Sylvie, très tracassée par le projet de Paul, mène son enquête :

Pour s'inscrire à La Diagonale Des Fous, il faut justifier d’avoir couru et terminé deux trails ouvrant au moins 85 points chacun, trails courus et terminés entre le 01/01/23 et le 31/07/24.

(1 km de distance vaut 1 point et 100m de dénivelé positif valent 1 point.

Exemple: Un trail de 60 km et 2500m de dénivelé positif vaut 60+25 points, soit 85 points.)

Conclusion sans appel de Sylvie, dont la logique est implacable .

- Il m'a dit qu'il s'était inscrit: Soit il délire, soit il ment.

Stratégie adoptée : Se taire.


Le temps passe. Paul est de plus en plus jovial et Sylvie, a contrario, est plus soucieuse .

A quelques semaines des vacances de février, Paul n'a toujours pas réservé  les billets de train pour Nice, lui qui est d'habitude si prévoyant. 

"Tu penseras aux billets, Paul !

-Quels billets ?

-Mais enfin, les billets pour Nice, tu te moques de moi ?

-Ah, pardon, où avais-je la tête  ?

-Tout le monde se le demande, en effet, tu m'inquiètes, Paul.


-Ça y est Sylvie, je te rassure, j’ai les billets.

Tu as vu, à La Réunion, l’alerte rouge a commencé, le cyclone du siècle va probablement, aux dernières nouvelles, traverser l’île, d’ouest en est, en suivant l’itinéraire de La Diagonale Des Fous, c’est dingue, non ?

-Je m’en fiche complètement de La Réunion, c’est toi qui es devenu dingue, Paul !

Et puis, tu ne m’avais pas dit que tu ne connectais plus à ces pseudo-chaînes d’infos ?

-Euh, sur l’ordi, oui, mais pas totalement sur le smartphone. J’essaie, mais je n’y arrive pas encore."


Sylvie est triste. Elle aimait et respectait Paul parce que c’était une personne indécise, fragile, qui avait souvent besoin de réconfort et aussi et surtout parce que Paul ne mentait pas.

Sylvie a toujours eu une confiance absolue en Paul.

Quand il lui a dit qu’il s’était inscrit à La Diagonale Des Fous, alors qu’il ne répond pas aux critères de sélection, le choc fut violent.

Et pourquoi s’intéresse t-il depuis quelque temps à ces îles dont il avait gardé de si mauvais souvenirs intimes ?

Et cette assurance presque arrogante, ce n’est pas lui, jamais il n’a été aussi rasséréné, tranquille, décidé.

Le lendemain:

"Tu as vu Sylvie, tu as vu, Belal n’a pas « traversé » La Réunion en diagonale comme prévu, il l’a juste effleurée !

Le cyclone a dévié de sa trajectoire et il se dirige maintenant tout droit vers Maurice !

-Ecoute-moi bien, Paul !

Que ton cyclone se dirige vers Maurice, Mauricette, Rodrigues, l’île aux Chats ou l’île aux Cocos, je m’en bats les couilles ! D’accord ?"


05 avril 2024

 

Paul et Vanessa. Chapitre IX. L' accident sexuel .

 Retour à  Gérardmer : Dix heures de train. Pendant ce long trajet, Sylvie n'interrogera pas son époux sur l'énigme du traumatisme malgache, il faut laisser Paul respirer, se dit-t-elle. Mais elle fait des hypothèses. Elle pense à un problème physique et découvre sur internet cet accident rare, survenant le plus souvent chez les hommes jeunes, appelé fracture du pénis.

Mettre fin à une relation après deux week-end et y penser encore trente ans après, cela me paraît impossible; mais si c'est la verge qui rompt, c'est peut-être différent. Séparation pour rupture de pénis, cela doit être psychologiquement très violent pour l'être fragile qu'il a toujours été.  

Je vais essayer de lui faire la contrepèterie "mets ta casquette" plusieurs fois de suite en observant attentivement sa réaction.


Paul est plus serein. Il s'est inscrit à un club de marche nordique et partage désormais  son temps entre randonnées sportives en groupe, marche en solitaire et lectures philosophiques. 

"Seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose" a écrit Nietzsche. 

Paul est devenu un fervent disciple du philosophe.

Sylvie, qui a repris son travail, ne lui parle plus de son passé. 

Elle ne put toutefois s'empêcher d'oser  "mets ta casquette" et la réaction horrifiée, presque violente de Paul fut très claire: Paul déteste cette contrepèterie. 

Sylvie a une autre contrepèterie test sous le coude "cette coquette a attrapé la génisse" mais renonce, ce serait trop violent; plus tard peut-être.

 "Il faut donner du temps au temps"


Paul et Sylvie sont de retour à Nice pour les vacances de février .

Sylvie, bien décidée à reprendre son enquête, accompagne Paul qui est redevenu un excellent marcheur .

Au programme aujourd’hui, sentier du littoral du port de Nice à Villefranche :

Distance 6,4 km, dénivelé positif 145 m, une rigolade pour Paul.

Terrain accidenté et rocheux, de nombreuses marches à gravir tout de même, mais la vue est superbe.

-Il y a probablement des ballades comparables à La Réunion ?

-D’accord, je te vois venir, tu souhaites que je te parle à nouveau de mes aventures tropicales ?

-Oui, Paul.

-Ce soir, peut-être. En attendant, en route vers la splendide rade de Villefranche-sur-Mer. Tu n’es pas pressée de te poser au bar de la rade ?

Sylvie, concentrée sur la montée des marches, ne remarqua pas la contrepèterie .


La journée fut belle mais assez sportive car Paul a tenu à faire le retour à Nice par le sentier, contrairement à ce qui était prévu.

Sylvie s’est bien gardée de le contredire, elle était prête à céder à tout aujourd’hui, afin de ne pas compromettre les chances des confidences qu’elle attendait.

Et elle ne fut pas déçue.

- La première soirée passée avec ma collègue fut très brève. Très peu de préliminaires, une seule copulation, le coït fut minimum, d’une rare frugalité. Aucun sujet de conversation, son pays de naissance et les sciences physiques exceptés, une tête creuse, vide. Dans quelle galère m’étais-je embarqué ? Le lendemain, j’ai pris prétexte d’un lourd paquet de copies à corriger pour me libérer. En début de semaine, j’avais rendez-vous avec Carla, mon élève .

-Oui, lapin, parle-moi de Carla.

-Carla était une jeune fille sexy et gentille, pas très intelligente mais suffisamment habile tout de même pour réussir à me pousser à une faute déontologique majeure. Un professeur ne se laisse pas conquérir par une élève, un professeur doit avoir une conduite exemplaire, toute mon éducation a été fondée sur ce type de principes moraux qui avaient toujours régi ma vie .

Carla a réussi à me faire perdre la tête dans un premier temps puis, involontairement cette fois, à me faire sombrer dans un état de démence sévère, avec altération du discernement.


Altération du discernement, c’est une expression qu’utilisent les juges, tu as commis un délit, un crime, Paul ? Et qu’est-ce qu’elle avait donc de plus que les autres, cette Carla ?

-Son corps ? Un sablier de chair bronzée, gorge libre et fière, fessier musclé, visage d’un ovale parfait, sourcils épais et bien formés, de grandes lèvres charnues, moue légèrement boudeuse, bref physiquement, elle cochait toutes les cases et dans notre aventure, c’est elle qui fit le premier pas en m’offrant un rendez-vous que je n’avais non seulement pas sollicité, mais pas même imaginé un seul instant. Je me suis rendu au lieu convenu, je ne suis pas un extra-terrestre.

Mais ce n’est pas à cause de son physique que je suis devenu fou .

-C’est quoi alors, elle t’a ensorcelé, fanafoudé, elle était malgache, elle aussi ?

-C’est pire que cela, Sylvie.


J'appris très vite que Carla, bien qu'elle ne portât pas le même nom, était la fille de ma partenaire du week-end. J'avais donc copulé le samedi avec ma collègue et le mardi suivant avec mon élève qui était aussi sa fille. Pour moi qui, dans ma Lorraine natale, avait toujours eu une conduite exemplaire dans le respect le plus rigoureux des règles de mon éducation chrétienne, ce fut trop lourd à supporter, trop violent. Je suis devenu fou. Ma tête et mon corps tout entier lâchèrent. Je me sentais brûler vif comme un carré de sucre plongé dans un café. Pour la première fois de ma carrière, je dus m'absenter pour raison de santé. 

Mais je n'annulai pas la rencontre prévue samedi avec la collègue. 

Et peu importe si elle n'était pas pleinement coupable, elle avait tout de même abusé de ma gentillesse, de mon hospitalité, de ma naïveté, elle allait le payer très cher.

(Sylvie se garde bien d'intervenir car cette fois, Paul semble résolu à aller au bout de son récit .)

Pendant trois jours, j'ai tourné en rond dans mon appartement comme un lion dans sa cage. J'étais bien décidé à donner le maximum de mes forces physiques ce samedi afin de l'étreindre avec violence jusqu'à ce qu'elle me supplie d'arrêter. 

Hélas, ce fut un échec total.

J'ai pourtant fait preuve d'une brutalité extrême pour la pénétrer et me retirer avec bestialité, au rythme hallucinant d'une saccade par seconde, mais, contrairement à toute attente, cette sotte en redemandait .

Permets-moi d'abréger le récit des ébats, Sylvie, je vais toute de suite à la conclusion, au dénouement,  si j'ose dire :

Pour couronner en toute beauté ma performance-est-ce elle qui aurait dévié,  volontairement ou pas, je n'en sais rien, toujours est-il que j'ai buté …

Plus précisément,  mon pénis a buté .

Sylvie, qui n'a pas pipé mot pendant tout le récit, ne peut s'empêcher d'intervenir:

-Paul, ce que tu me décris là, cela ressemble un peu à un viol, il me semble.

- Non, non, pas toi, Sylvie, pas toi, pas toi !

C'est le contraire d'un viol ! C'est elle qui s'est introduite dans ma chambre ! Non seulement elle était consentante, mais elle en voulait davantage encore et encore- c'est le mot qu'elle hurlait à chaque secousse et c'est moi qui dus rendre les armes pour cause de mutilation.

La victime c'est moi !

Tu as une idée du traumatisme résultant d'une fracture du pénis ?

-Ah, j'y suis maintenant, quand tu dis "mon pénis a buté" il faut comprendre :

" je me suis fracturé la verge ", Tes propos n'étaient vraiment pas clairs du tout, trop d'implicite Paul, d'autant que cet accident de coït n'est pas connu des femmes.

Donc non, je n'ai aucune idée de l'ampleur du traumatisme. 

Chez nous, les femmes, le gland du clitoris ne casse pas .


-Un pénis ayant doublé de volume qui ressemble rapidement à une bringelle bleu foncé, puis une verge noire, un sexe malgache qui passe ensuite progressivement par toutes les variantes du métissage réunionnais, une gradation continue allant du marron le plus sombre au mat clair, jusqu'à retrouver enfin la couleur initiale du phallus métropolitain de base.

 Pour la partie physique, une convalescence de quatre semaines seulement fut nécessaire. Mais pour le psychisme, les dégâts  furent plus sévères. 

Voilà, cette fois, Sylvie, tu sais tout de mes aventures réunionnaises.

Heureusement pour moi, le miracle eût lieu. La demande de poste dans un lycée  français à l'étranger que j'avais déposée  sans trop y croire me permit d'intégrer  le lycée de Curepipe trois mois seulement après mon accident sexuel.

Je ressuscitais …


-Permets-moi d'abord de te dire que je trouve la description de l'évolution de l'apparence de ton phallus assez raciste. Mais ce n'est pas ce qui me choque le plus.

"Je  ressuscitais ... " Ça alors !

 A Saint-Malo, il y a six mois, tu m'a dis que tu étais encore incapable de me parler de ton vécu à Maurice tellement il fut dévastateur. Tu as oublié peut-être, moi je me souviens encore mot à mot de ta déclaration lors de ce séjour. 

"Quand je suis arrivé à Gérardmer, cela ne se voyait peut-être pas, mais j'étais très aigri. Si je ne t'avais pas rencontrée, je ne suis pas sûr que j'aurais refait surface. "

Je ne comprends plus, Paul .

- Curepipe !  Juste après la fracture de ma verge qui avait encore besoin de soins délicats, Curepipe  Sylvie !

J'ai évidemment  pris cette affectation pour un don du ciel !

 Mais tu n'as pas complètement tort. Cette résurrection fut de courte durée; en réalité, ce ne fut qu'une rémission. Je vais t'expliquer et cette fois tout te dire.

 Et Paul passa toute la soirée  et une bonne partie de la nuit à confier à son épouse sa vie tourmentée à l'île Maurice.

  Sylvie l'écouta très attentivement et sut une fois encore trouver les mots et d'autres arguments typiquement féminins pour détendre Paul, dont la charge émotive fut pesante pendant tout le récit.


 Retour à Gérardmer le lendemain.

Pendant le trajet, Paul reprend mentalement la trame du discours rhétorique que lui a tenu Sylvie, à la fin duquel elle avait subtilement, pour détendre l'atmosphère et conclure en beauté, réussi à glisser un enchaînement remarquable de quatre contrepèteries parfaitement inscrites dans le contexte, tout en caressant de ses deux mains le sexe de son partenaire. 

 "Le remord est associé à un sentiment de culpabilité beaucoup plus prononcé que le regret. Si tu avais honoré ce rendez-vous, je suis certaine que ta vie aurait été rongée de remords. 

 Il est encore temps d'oublier, Paul !"

 “Les deux grands secrets du bonheur : le plaisir et l'oubli.” a écrit un très grand auteur. 

"Rêve encore, Paul ! Ne laisse pas les regrets prendre la place des rêves !

Quand c'est le cas, c'est le signe que la vieillesse s'est installée. 

Oublie les îles homophobes !  Rêve de pépées de Chine ! Quand tu me parles de l'île Maurice, tu as une petite mine Paul ! Retrouve vite ta verve joyeuse !"


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