20 janvier 2007

 

Bac S : Un bac qui n'est plus vraiment scientifique (Bilan d'un rapport de l'Inspection Générale)

Non content d'être objectivement devenu un outil de tri social - les enfants de cadres et de membres de professions intellectuelles sont largement surreprésentés en S -, le bac S n'est plus vraiment scientifique. Depuis sa rénovation, voilà une dizaine d'années, le nombre d'heures de maths a été fortement revu à la baisse et les matières littéraires ont été dotées de coefficients conséquents. «On peut obtenir son baccalauréat avec des notes médiocres dans les matières scientifiques grâce aux coefficients cumulés des matières non scientifiques», reconnaît toujours ce même rapport. Au départ, l'idée semblait bonne : faire reculer le poids des maths, favoriser l'expérimentation scientifique. Mais en fin de compte, on n'a fait qu'accentuer la suprématie de ce super-bac, devenu du coup beaucoup plus généraliste.
Le bac S offre les meilleures chances de réussite dans toutes les filières de l'enseignement supérieur, du droit à la psycho en passant par les lettres. Il dispose d'un quasi-monopole sur les classes prépas menant aux grandes écoles... et les S sont même devenus majoritaires en prépas littéraires ! Enfin, c'est encore et toujours le seul bac qui, on se demande bien pourquoi, permet de devenir kiné, sage-femme ou, bien sûr, médecin. Toujours dans ce même rapport de l'Inspection générale, le constat est sans appel : «La série S fonctionne comme une filière de sélection pour l'accès à l'enseignement supérieur... Elle accueille non seulement les meilleurs scientifiques mais aussi les meilleurs littéraires.»
Un programme indigeste et inefficace
C'est de loin le bac général dont le programme est le plus chargé, avec jusqu'à 32 heures de cours par semaine et parfois davantage, contre 26 seulement en L. Mais là n'est pas le principal souci : «En sciences physiques notamment, je défie quiconque d'y comprendre quoi que ce soit!», lance Jean-Charles Pomerol, le président de Pierre-et-Marie-Curie, avec son franc-parler. «Pour résumer le contenu des programmes, je dirais que c'est un saupoudrage, un peu de rien sur tout, et qu'il y manque les briques essentielles», estime quant à lui Alain Maruani, professeur à Télécom Paris et animateur du groupe de réflexion sur le statut des mathématiques dans les concours d'écoles d'ingénieurs. Il ajoute : «On voudrait dégoûter les jeunes qu'on ne s'y prendrait pas autrement. Rien de ludique, rien de stimulant.» D'ailleurs, invités à classer leurs matières par ordre de préférence, les lycéens de la série S placent les mathématiques bonnes dernières,révèle un ouvrage coordonné par le sociologue Roger Establet, « Radio-graphie du peuple lycéen ».

Extrait d’un article paru le 11 janvier 2007 dans le Nouvel Observateur (Véronique Radier)






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