10 novembre 2009
Ainsi parlait Zarathoustra - Frederic Nietzsche
Et quand je crie : "Maudissez tous les lâches démons qui sont en vous et qui gémiraient volontiers, qui voudraient croiser les mains et adorer" : alors ils crient : "Zarathoustra est impie."
Et leurs professeurs de résignation crient plus fort, mais c'est précisément à eux qu'il me plaît de crier à l'oreille : Oui ! Je suis Zarathoustra, l'impie !
Ces professeurs de résignation ! Partout où il y a petitesse, maladie et teigne, ils rampent comme des poux; et mon dégoût seul m'empêche de les écraser.
Eh bien ! voici le sermon que je fais pour leurs oreilles : je suis Zarathoustra l'impie qui dit : "Qui est-ce qui est plus impie que moi, pour que je me réjouisse de son enseignement ?"
Je suis Zarathoustra, l'impie : où trouverai-je mes semblables ? Mes semblables sont tous ceux qui se donnent eux-mêmes leur volonté et qui se débarassent de toute résignation.
Je suis Zarathoustra, l'impie : je fais bouillir dans ma marmite tout ce qui est hasard. Et ce n'est que lorsque le hasard est cuit à point que je lui souhaite la bienvenue pour en faire ma nourriture.
Et en vérité, maint hasard s'est approché de moi en maître : mais ma volonté lui parle d'une façon plus impérieuse encore, — et aussitôt il se mettait à genoux devant moi en suppliant — me suppliant de lui donner asile et accueil cordial, et me parlant d'une manière flatteuse : "Vois donc, Zarathoustra, il n'y a qu'un ami pour venir ainsi chez un ami !"
Nietzsche
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